De la maille « jetée » tressée à la force d’une « Semel »
MUSEE DE LA RUBANERIE
De la maille « jetée » tressée à la force d’une « Semel »
Présenté par : Olivier Clynckemaillie, Conservateur-Directeur, Délégué général
Le hasard fait parfois bien les choses… A l’occasion d’une visite de groupe comprenant des représentants de l’industrie textile, un des participants questionne le conservateur quant à la collection de machines à tresse. Au terme d’une première réponse, le même individu, par ailleurs responsable de la firme Filmatech, basée à Roncq (Nord de la France), affirme : « Vous avez une machine à maille jetée ! » Le conservateur lui répondant par la négative, monsieur Librecht de rétorquer « Vous avez une machine à maille jetée ! » puis, après un temps d’arrêt : « Elle vous attend dans notre usine de Chauny, dans l’Aisne ! » Et voilà comment la vie d’un humble musée textile se voit embellie par un don fait en direct, en pleine visite guidée !
Le métier à tisser en question, un « Semel de type SK » datant de 2007, est des plus intéressants car il tricote un produit indémaillable (pour info, les étoffes en mailles jetées sont réalisées à partir de boucles de chaînette formées dans la longueur et entrelacées dans la largeur du tricot. Ce sont des tricots indémaillables. On les appelle aussi tricot chaîne ou bonneterie chaîne). En outre, il tourne à 40% plus vite que son prédécesseur de la même marque, le KB 212, et sert à produire des cordes rondes, avec ou sans âme à l’intérieur, d’une dimension allant de 2 à 7 millimètres de diamètre. Comme nous l’a certifié le généreux donateur, cette machine peut encore, en fonction de ses accessoires optionnels, réaliser des cordes élastiques et disposer d’un compteur et d’un dispositif de système d’enroulement. Par contre, elle ne permet pas de faire des tresses plates (comme certains lacets de chaussures ou comme certains rubans destinés à coudre les cahiers de livres à relier). L’entreprise Semel a été fondée à Correggio en 1973 et est active depuis l’Italie.
Fonctionnant avec un système de cylindres de rotation alternatifs (en lieu et place d’un guide-fil rotatif comme c’est généralement le cas sur ce type d’engin), elle tourne à 1400 coups par minute, se distingue par son travail quasi silencieux, ne demande qu’un entretien minimal et est adaptée pour travailler en continu 24 heures par jour en absence d’opérateur. Son alimentation standard est de 400 volts triphasé 50/60 Hertz. Equipée d'un système de contrôle du fil avec arrêt automatique du mouvement en cas de rupture ou de manque de fil, elle dispose d'un système de bras qui sort le cordon final du bâti de la machine pour faciliter le remplissage boîtes à produits spécifiques pour les produits finis. La « Semel SK » s’avère une machine parfaite pour le tricotage du coton mais aussi de fibres artificielles contemporaines comme le polyester et le polypropylène. Conçue pour ces matières, elle peut néanmoins travailler avec tous les autres fils naturels et synthétiques. Et voilà comment un cadeau textile est rendu au plus grand nombre dans un musée vivant !
Plus d'infos sur le Musée de la Rubanerie à Comines.